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Docteur, je ne supporte plus les bruits . Pourquoi ?

C’est une bonne question. Oui, pourquoi?

Le médecin peut vous guider sur le chemin de la compréhension car vous seul savez. Vous seul connaissez votre histoire de vie.

Ce matin encore je reçois un appel d’un homme qui, pour sa femme demande des informations. Je lui explique ma façon de travailler. Il m’interroge inquiet, « Vous n’allez pas rechercher les traumatismes ? ». Je lui explique que les raisons pour lesquelles nous ressentons des symptômes sont multiples. Si la cause est un traumatisme associé à une kyrielle de troubles il est préférable de le traiter que de rester là à souffrir. « Ma femme a trop peur ».

Je comprends tout cela mais il existe des méthodes de régulation émotionnelle qui traitent les peurs. Nombreuses sont les personnes qui consultent du fait d'une intolérance aux bruits. Dans la littérature "scientifique", on trouve diverses appellations qui ne sont en fait que les volets de la même histoire. Elles sont décrites plus bas dans le texte : phonophobie, hyperacousie, misophonie...

Chaque personne est unique. Elle vit des situations au cours desquelles elle ressent des émotions qui se manifestent par des signes physiques fonctionnels. Ce qui compte ce n'est pas tant le symptôme que l'idée que la personne en a. Face à une même situation, il y a autant de façons de la percevoir l'évènement (émotions) que de personnes témoins de la scène. Il y a autant de pensées la concernant que de personnes présentes.

Il n'y a pas qu'une vérité, il y en a plusieurs.

Un bruit intense, un traumatisme sonore seront bien vécus par une personne et très mal par une autre. Ce que je cherche lorsque la plainte devient chronique ce sont : - le contexte dans lequel le trauma est survenu

-la situation la plus ancienne dans laquelle le symptôme est apparu - les intolérances liées à l'évènement (conséquences tant physiques, fonctionnelles que cognitivo-comportementales)

- les émotions liées : intolérance au bruit (sans aucun support anatomique auditif: audiométrie normale)

- croyances liées à l'évènement initial.

Il est utile de rechercher si d'autres évènements sont survenus par le passé en lien (ou non) avec l'audition, les bruits, les paroles et qui auraient déjà produit des troubles identiques...

Un patient raconte:

"Une mère demande à son petit garçon de garder quelques instants son grand-père mourant le temps de faire ses courses. On comprend qu'il puisse être terrorisé et dégoûté par la toux suffocante et les crachats émis par son aïeul sans compter les sons associés". Nous notons donc sur un tableau à quatre colonnes: - "garde du grand-père" dans la colonne situation, - puis "dégoût " dans la colonne émotions/sentiments et aussi "peur" car l'enfant se sentait démuni. - Pensées: "Que faire s'il étouffe ?"," Et s'il mourrait?" à noter dans la colonne cognitions (pensées automatiques, croyances, rêves).

- Comportement: De peur et de dégoût il se tapit dans un coin de la maison, fuyant la situation, ce que l'on comprend tout à fait car il n'était pas assez mur pour l’affronter. De retour, la mère ne le trouve pas puis le découvrant en dehors de la chambre, elle le dispute.

On note dans la colonne émotions/sentiments: « sentiment d'injustice », « sentiment d'impuissance », « tristesse ». Plus tard, adolescent, il passe sous un pont sur lequel un train circule à grande vitesse émettant un son strident (un peu comme l'alarme du grand-père). De fil en aiguille, il ne supportera plus les bruits quotidiens. Son intolérance se répand en tache d'huile. Un bruit, un autre, un autre...

L'ORL consciencieux pensera à une hyperacousie. Si le patient évite les tunnels, les ponts, les bruits de la rue on diagnostiquera une phobie (la peur d'avoir peur).

Un autre ORL consciencieux pensera à une phonophobie. Si cet homme déteste son père et ses bruits de bouche à table, on pensera à une misophonie.

Or , à la base , le problème est le même : le traumatisme d el’enfance.
On peut donc trouver associées: l'hyperacousie, la phonophobie et la misophonie. C'est pourquoi je préfère utiliser le terme d'intolérance aux bruits et de prendre le temps de recevoir le patient plusieurs fois trois quarts d'heure pour:

- le faire parler de son histoire

- lui donner des informations (physiologie de l'audition, expliquer ce qu'est une phobie et son mécanisme).

- lui demander de préciser quels sont les facteurs aggravants: manque de sommeil, fatigue, activité excessive, colère, stress qui les majorent.

- lui demander de lister les situations les pires de sa vie en lien ou non avec les bruits

-lui proposer des solutions.

SOLUTIONS

J'ai proposé plusieurs moyens de traiter l'intolérance aux bruits. J'utilise l’EMDR (1999) inclue dans ce que je nomme la psychothérapie intégrative que nous soyons ou non face à un stress post-traumatique. Sans l’EMDR, je n'ai jamais réussi à conduire les patients vers la guérison. Quelques séances suffisent.

Puis je me suis formée à la méthode TIPI et je l’applique aussi dans ce cas avec des résultats surprenants

Vous comprendrez que je ne suis pas tout à fait d'accord avec les définitions trouvées sur wikipedia et très recherchées par nos patients qui aimeraient bien comprendre le sens de leur souffrance et la voir disparaître.

Oreille de mer. Petit coquillage

Oreille de mer. Petit coquillage

Tag(s) : #HYPERACOUSIE, #PSYCHOTHERAPIES, #EMDR, #MISOPHONIE, #PHONOPHOBIE, #INTOLERANCE AUX BRUITS, #acouphènes et hyperacousie
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