Le patient souffre. Il a envie de guérir ... vite , mais il ne veut pas guérir trop vite au risque de perdre ce à quoi il pense avoir droit: l'invalidité. Il s'agit d'un dilemme aussi pour le praticien. D'un point de vue éthique que faire?
Le travail est alors cognitif.
Il n’est pas conseillé de se presser. C'est au patient de décider. Quel est son choix. Il ne sait pas toujours ce qu'il veut ce qui est tout à fait compréhensible.
Exemple:
Patrice se plaint de ses symptômes, il a envie de guérir et à la fois ses troubles présentent des avantages. Nous avons pris le temps d’examiner cela.
Il dit franchement préférer une invalidité plutôt qu’une longue maladie.
Il a besoin d’une reconnaissance car son entourage famille, amis, voisins, collègues de travail ne le croient pas vraiment malade.
En effet, proche de la retraite, le patient ne souhaite pas reprendre son travail. Les personnes sont souvent étonnées d'entendre que leurs symptômes sont des amis. Les victimes le sont souvent doublement car non seulement elles souffrent de leurs traumatismes (consciemment ou inconsciemment) mais aussi elles pâtissent du manque de tolérance de l’entourage qui se plaint de la récurrence de leur plainte pour laquelle il se sent impuissant. les médecins aussi ne savent pas toujours quoi faire.
Ce que les symptômes induisent
Les acouphènes et l’hyperacousie ne se voyant pas, elles provoquent l’incompréhension.
La surdité est mal tolérée de l’entourage qui doit répéter plusieurs fois pour se faire comprendre. Elle engendre la colère contrairement à la cécité qui s’accompagne de compassion.
Les vertiges associés avec pâleur, vomissements et troubles de l’équilibre sont plus spectaculaires.
Parfois tant que le symptôme n’est pas pris en compte, il se manifeste plus souvent et plus intensément.
Les séances d’EMDR
C'est une psychothérapie de changement. Patrice a traité en EMDR plusieurs situations douloureuses précisées sur sa liste des situations les pires de sa vie. Le protocole standard ou celui des troubles dissociatifs ont été proposés selon ce qui se présentait.
Les situations les pires concernaient la guerre d’Algérie. Nous n’avons plus évoqué les acouphènes dès la deuxième consultation. Patrice a très bien compris que le symptôme était un langage, l’expression d’une toute autre souffrance. Après avoir traité les situations les plus évidentes, d’autres souvenirs bloqués ont surgi de sa mémoire traumatique. Il s’agissait de violences et d’abus dans l’enfance. Ceci se rencontre souvent chez les patients multi-opérés. Chaque situation évoquée a été traitée en EMDR en accord avec le patient.
Il a constaté les bienfaits rapidement et a préféré continuer la thérapie et renoncer à son invalidité. Il a quitté son statut de victime (de guerre) manifesté par ses symptômes.
Il en est souvent ainsi.